-
19 juin 2020: sans les reliques de sainte Marguerite-Marie Alacoque
Ce 19 juin, jour de la solennité du Sacré-Cœur, le sanctuaire de Saint Germain qui s'apprêtait à accueillir les reliques de la sainte de Paray le Monial, a vu son vœu exprimé depuis une dizaine d'années, annulé en raison de la pandémie. Le centenaire de la canonisation de Sainte Marguerite Marie était d'autant plus cher aux Amis du Sacré-Cœur, qu'ils célébraient de leur côté, le 15 ème anniversaire de la renaissance de leur sanctuaire. Annulé également le pèlerinage auquel participaient les élèves de l'école du Sacré-Cœur de Condé. La consolation vint de la belle participation inattendue, en raison des conditions sanitaires et de la crainte du Covid 19, à la messe solennelle, et de l'homélie du Père Michel Roger, responsable de la paroisse Bienheureux François Jamet, que nous reproduirons dès que possible. Cette messe était concélébrée avec le père Florent Acotchou qui depuis plus de deux ans, vient célébrer celle du premier vendredi du mois. Il était revêtu pour l'occasion de la chasuble de l'abbé du Rosel, natif de Saint Germain, décédé au cours de la grande guerre. Cette chasuble avait été restaurée par les Amis du Sacré-Cœur
HOMÉLIE POUR LA FÊTE DU SACRE-CŒUR A SAINT GERMAIN DU CRIOULT LE 19 JUIN 2020.
En ce jour de la fête du Sacré-Cœur, nous devions avoir les reliques de Sainte Marguerite-Marie, ici-même, dans cette église, et voilà que la pandémie du coronavirus a tout bouleversé. Mais je voudrai reprendre les mots de Sainte Marguerite-Marie, pour introduire notre méditation. Bien-sûr, nous sommes à la fin du 17éme siècle, et le vocabulaire a quelque peu changé, mais cette fête du Sacré-Cœur reste pour nous une fête lumineuse, car ce cœur de Jésus est un vrai brasier, ce cœur est un soleil pour reprendre les images de Sainte Marguerite-Marie, et ce que nous voyons derrière moi, dans le chœur de cette église. Mais écoutons ce qu’elle dit :
« Ce Sacré-Cœur m’était représenté comme un soleil brillant d’une éclatante lumière, dont les rayons tout ardents, donnaient à plomb sur mon cœur. Une fois que le Saint Sacrement était exposé, après m’être sentie retirée tout au-dedans de moi-même, par un recueillement extraordinaire, Jésus-Christ mon doux maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire, avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, et de cette humanité sainte, sortaient des flammes de toute part, mais surtout, de son adorable poitrine qui ressemblait à une fournaise, et s’étant ouverte, me découvrit son tout aimant et tout aimable cœur, qui était la vive source de ces flammes. »
Oui, frères et sœurs, un soleil, une fournaise, des flammes, un brasier, des images qui nous montrent toute la chaleur de ce cœur aimant de Jésus. « Cœur sacré de Jésus », allons-nous chanter tout à l’heure, « Je crois en son amour pour moi, cœur de Jésus, fournaise ardente de charité. » Cela est très beau. Mais cela ne devrait-il pas nous interroger ? Car, qu’est-ce que la fête du Sacré-Cœur, sinon une fête de l’intimité avec le Christ ? Une fête de l’intensité de son amour pour chacun et chacune d’entre nous, une fête de la profondeur de notre foi en Celui qui a donné sa vie, pour nous délivrer de tout mal et nous sauver de la mort, comme nous l’a rappelé le Père Florent au début de cette eucharistie. Or, tout cela n’est-il pas d’abord l’objet d’un secret, d’un cœur à cœur avec Dieu, dans notre prière personnelle, et non l’objet d’une fête, d’un cœur éclatant dans la liturgie, où le risque est de dire : « J’ai rejoint le Sacré-Cœur, je l’ai connu, j’en ai fait l’expérience, et je veux le fêter dans tous ses éclats. »
Non, frères et sœurs, ce cœur de Jésus, il est, il sera, et il doit rester un secret, une forme d’enfouissement, comme le dit si bien Marguerite-Marie : « Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour, et les secrets inexplicables de son cœur, qu’il m’avait toujours tenus cachés jusqu’alors. »
Oui, frères et sœurs, il faut se pencher sur la poitrine du Christ, comme Saint Jean, Comme Sainte Marguerite-Marie l’ont fait ; il faut y demeurer longtemps, entrer dans une intériorité, pour que notre propre cœur se purifie, et entamer alors une véritable conversion. Nous pouvons par exemple, fuir les bavardages et les paroles inutiles, entrer davantage dans la prière, dans ce cœur à cœur personnel avec Dieu. La vraie conversion, c’est monter comme Moïse, comme Elie, sur la montagne, et y rencontrer le Dieu vivant. C’est de découvrir le visage du Christ dans la prière, mais aussi dans nos frères et sœurs. La vraie conversion naît de ce face à face avec Celui qui se révèle aux tout-petits, Celui qui se révèle à tous ceux qui lui font confiance, à Celui qui leur dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »
L’enjeu de tout cela, ce n’est rien d’autre que d’avoir du cœur, nous aussi, pour aimer notre prochain, tous ceux, toutes celles que le Seigneur met sur notre route. Nous avons entendu Saint Jean, dans la deuxième lecture de ce jour : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimé, nous devons nous aussi, nous aimer les uns les autres. » Pour cela, il faut commencer par laisser le cœur de Dieu nous parler en profondeur. Car combien de gens aujourd’hui, et peut-être moi le premier, avons cette tentation d’être superficiel, de ne pas s’arrêter pour se reposer sur la poitrine du Christ, de zapper continuellement, de continuer notre course à la surface des choses, en oubliant cette rencontre en profondeur avec le Seigneur.
Nous n’aurons du cœur, que si nous acceptons cette profondeur, car si nous descendons en nous-même, si nous nous laissons purifier, alors nous participerons à ce feu qui jaillit du cœur de Dieu et nous pourrons le répandre. Saint Jean-Paul II disait : « Si vous revenez à votre cœur, si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde. »
-
Commentaires