-
La Fabuleuse Histoire du Sacré-Coeur de Saint Germain du Crioult
LA FABULEUSE HISTOIRE DU SACRE CŒUR
DE
ST GERMAIN DU CRIOULT
Difficile de garder la tête froide lorsqu’on exhume l’histoire du Sacré Cœur de St Germain, tant elle fut glorieuse, en ce début du 20ème siècle.
Difficile également de comprendre, sans les moyens de communication actuels, la vitesse à laquelle s’est répandue l’œuvre, et son ampleur : en 1933, 38000 personnes de France et de l’étranger, y étaient associées, du plus humble donateur aux plus prestigieux la moindre n’étant pas l’Impératrice Eugénie. Quelle efficacité « du bouche à oreille » !
Difficile encore d’imaginer, la guerre ayant tout effacé (les allemands dynamitèrent l’église), le faste dont fut entouré ce sanctuaire.
La présence dans l’actuelle église des 146 ex-voto, pouvant intriguer le visiteur, ne donne pas cependant, la mesure du nombre de guérisons obtenues, et de leurs témoignages humains figurant dans les bulletins mensuels du « Divin Médecin ». Pour la consécration solennelle, le 2 juillet 1912 (un site internet rappelle celle-ci par une photo), le Pape Pie X, adressait un télégramme. N’a-t-on pas été dans un des bulletins, jusqu’à comparer ce sanctuaire du bocage à Lourdes…
Mais tout ceci n’aurait probablement pas vu le jour, sans la conviction et la persévérance inouïes d’un homme, l’Abbé Pihan. Etrange coïncidence, que nous sortions de l’oubli cette page du passé, l’année de la commémoration du centenaire de la loi sur la séparation de l’Eglise, et de l’Etat ; car cette loi, que l’Abbé Pihan traitera de « scélérate », aura pour effet de décupler son énergie. Il faut replacer le tout dans le contexte de l’époque. Il n’en demeure pas moins qu’il aura soufflé sur St Germain une volonté , qui bousculera le vie même des Germainois, qu’ils soient catholiques ou non (la commune avait à sa tête un maire protestant), avec la création, d’une école libre, d’une maison de santé, d’une école de dentellière etc. La générosité des donateurs rendait quasiment tout, possible…
Nous vous conterons plus en détail, au fil des parutions d’En Marche, cette extraordinaire histoire, laquelle, espérons, à sa lecture, vous rendra aussi heureux que nous.
Ps : prémonitoire ? Voici ce qu’écrivait l’Abbé Pihan au début de son œuvre « il faut le redire parce que c’est malheureusement la vérité, nous oublions vite même les choses par nous jugées dignes d’intérêt. »
I – DU COURAGE ET…DU REPONDANT
Lorsque l’Abbé Pihan arrive à la tête de la cure de St Germain, à l’aube du xxème siècle, ses sentiments sont partagés ; la joie de retrouver une paroisse, où, au lendemain de son ordination en 1883 il avait été vicaire, est tempérée par le souci d’une église inachevée. Le conseil municipal ne donnera son accord pour la poursuite des travaux, une fois l’arriéré réglé, et provision faite sur le montant de ces travaux. Tout en considérant cette décision municipale légitime, elle le place devant la difficulté de réunir la somme nécessaire.
Nous sommes également à l’aube du vote de la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Monte en France un anticléricalisme qui se traduit par des articles dénonciateurs (déjà) sur des comportements au sein même de l’Eglise et, sur des expulsions de communautés religieuses.
Profondément affligé par cet état de fait, l’Abbé Pihan, en pleine force de l’âge (42 ans) doté d’une bonne constitution physique (photo ci-contre, le port est altier) n’est pas homme à capituler.
Il succède à l’Abbé Barbier. Ce dernier, sachant les tracasseries de ses prédécesseurs, les Abbés Gautier et Houel dans leurs démarches pour reconstruire l’église (l’ancienne vétuste, avait près de 1000 ans), confia la réussite de cette reconstruction au Sacré-Cœur. C’est au nom du Sacré-Cœur, que l’Abbé Barbier quêta et sollicita de tout côté. Son entreprise fut interrompue par son décès. Mais il eut le temps de faire élever la nef, et l’élégant clocher de 45 mètres. L’abbé Pihan s’inscrit dans cette continuité en consacrant officiellement, le 25 décembre 1900, l’église au Sacré Coeur ; Elle l’était déjà, depuis 1842 à la Vierge Marie ; la paroisse de St Germain-du-Crioult est en effet une des plus anciennes affiliées à l’archiconfrérie du Cœur immaculé de Marie.
Pour une grande partie du 19ème siècle, et notamment depuis les révélations reçues par Marguerite-Marie dans son couvent de Paray le Monial au 17ème siècle et précédemment, les initiatives liturgiques de Saint Jean Eudes ( normand), les confréries et les consécrations au Sacré Cœur sont encouragées par des Papes successifs. En 1856 à la demande des évêques français, le pape Pie IX étend au monde entier la fête du Sacré Cœur. Mgr d’Hulst recteur de l’Institut Catholique parlera du 19ème siècle comme « le siècle du Sacré Cœur » : une des plus belles preuves, culmine sur la butte Montmartre.
L’Abbé Pihan a donc toute raison d’espérer la bénédiction de sa hiérarchie « Nous souvenant que la sainte obstination est fille d’une robuste confiance, en avant donc pour le Sacré Cœur ».
« COMMENT OSEZ-VOUS ? »
A son intention de faire appel à la générosité des « personnes riches et bienfaisantes », plusieurs personnes le mettent en garde « Comment osez-vous, en ces temps troublés, quêter pour une église qui, peut-être, sera fermée prochainement ». C’est mal connaître la détermination et la foi de ce prêtre, qui leur répond « notre grand tort à nous catholiques, reconnaissons le humblement, c’est de trop travailler pour le temps et pas assez pour l’éternité, c’est de trop ménager les intérêts apparents de l’heure présente sans nous dire qu’ainsi nous abdiquons peu à peu nos droits et notre dignité, et conséquemment les droits imprescriptibles de Dieu et de la religion que nous devons défendre en tout et partout, c’est à cet effet que nous avons été créés » et d’ajouter « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, le reste vous sera donné par surcroît a dit Notre Seigneur, douterions-nous de sa parole ?
II - NAISSANCES D UNE ŒUVRE ET D’UN SANCTUAIRE
Sa résolution prise de consacrer l’église de St Germain au Sacré Cœur « Espérance des malades », l’Abbé Pihan s’attelle corps et âme à cette tâche. En 1903, cela fait plus de deux ans qu’il s’active, sans le succès escompté, à sa collecte pour l’édification de ce sanctuaire. Le transept et ses deux chapelles latérales, toujours à construire, représentent une somme importante. L’argent des bienfaiteurs est particulièrement sollicité en ce début de siècle « nos vieux temples religieux tombent, en maints endroits de vétusté. »
Il n’est pas difficile d’imaginer, les soirées passées à tourner le problème en tout sens. Son intuition lui dicte de réunir au plus vite cet argent, les nuages s’amoncelant à l’horizon Il possède déjà pour l’époque, un sens rare de la communication. C’est un rédacteur. Chaque mois, il le prouve, avec la parution d’un bulletin paroissial. Idée lumineuse (il y en a souvent une, à la base d’une réussite), sans se préoccuper du temps, qu’exigera celle-ci, il crée un second bulletin, également mensuel, exclusivement réservé à cette œuvre et l’intitule «Le Divin Médecin ». Le numéro 1 paraît le 10 juin1903.
« SOYEZ NOS ZELATEURS »
C’est ainsi qu’il titre, dans son premier exemplaire, après une chronique de l’œuvre, son chapitre faisant appel à la générosité. Il y a plusieurs moyens « prendre un abonnement au Bulletin et, chaque mois, après l’avoir lu, le communiquer à des personnes amies ; nous envoyer surtout des adresses de catholiques pieux et charitables, afin que nous puissions les solliciter en particulier directement. » Il donne ensuite l’assurance de sa discrétion. Il fait imprimer des images à pointer (le téléthon n’a rien inventé) et paraître le modèle dans son bulletin « selon que chacune des petites cases de l’image sera pointée à 5, 10, 25, 50 centimes ou un franc, cette image produira 1, 2, 5, 10 ou 20 francs. » L’aspect matériel exposé, il aborde le spirituel. Car il se sent « comptable » vis-à-vis de ceux, de plus en plus nombreux, qui recommandent leurs malades.
UNE GARDE D’HONNEUR
Jugeant les prières publiques du dimanche, comme celles plus particulières que sont les « siennes et celles de son vicaire, insuffisantes, il demande à des jeunes filles pieuses de la paroisse de bien vouloir former au Sacré Coeur une « garde d’honneur » ; ce jeune sanctuaire possède une statue provisoire « sous un dais de velours rouge » (1).
Ces jeunes filles (on ne peut s’empêcher de songer aux vestales) viennent, chaque jour réciter des litanies, une dizaine de chapelet avec, entre chaque Ave, les invocations. Il peut compter sur la piété de ses paroissiens.
Ce cocktail de ferveur, d’organisation et de travail (l’Abbé Pihan n’aura plus de répit ; le boulanger du village apercevra souvent la lumière du presbytère allumée la nuit) va prendre ; l’œuvre se répandra.
(1) La future statue préoccupe immédiatement l’Abbé Pihan ; il la veut en marbre blanc d’Italie, et lance dans cet excellent support qu’est son bulletin, un concours de sculpteurs…11 artistes y participent (voir reproduction ci-jointe), et par leur vote, ce sont les abonnés qui vont désigner le lauréat. Parallèlement une souscription a été lancée. Elle est financée en un seul don : une demoiselle offre 3.500 Fr. de l’époque, 11687 de nos euros.
III LE TEMOIN D’UNE ŒUVRE
Mois après mois, et ceci pendant plus d’un demi-siècle, le bulletin du « Divin Médecin » relatera la vie du sanctuaire du Sacré-Cœur de St Germain. Il est encore dans de nombreuses mémoires. Il est toujours surprenant, lorsqu’on se retrouve parfois loin de son clocher, de s’entendre dire, comme de la part d’un trappiste « vous avez un sanctuaire du Sacré Cœur à St Germain ! ». Il faut dire que l’Abbé Pihan et, ses successeurs par la suite, ont admirablement œuvré pour faire connaître son existence.
Mais revenons à la période de la création de ce bulletin en 1903 : il n’a pas pour but de rayonner dans une sphère limitée à la paroisse et ses environs. Son auteur lui espère un déploiement d’ailes, qui le portera partout où des bienfaiteurs pourront s’associer à cette œuvre et des malades retrouver l’espérance.
« J’AI EU TORT »
Les bienfaiteurs : ils ont à la fin de l’ouvrage leur nom cité, également dans la liste des offrandes où la somme est précisée…n’y a-t-il pas une certaine habileté de l’auteur ? L’Abbé Pihan aime inviter des prédicateurs, et l’un d’eux, pas le moindre, puisqu’il s’agit de l’Abbé Thiriet, ancien père supérieur des chanoines de Montmartre, a éprouvé, lui aussi, à la lecture de ces bulletins, un certain malaise, dissipé ensuite, après son séjour à St Germain, mais laissons le parler « De prime abord, j’envisageais votre pieuse entreprise comme un excellent moyen d’obtenir de la charité chrétienne les ressources nécessaires pour la reconstruction de votre église en lisant vos bulletins. Je me disais c’est une heureuse inspiration d’un prêtre habile à susciter des offrandes. J’ai eu tort. Après avoir vu de près les merveilles dont j’ai été témoin, il m’est facile de porter un jugement tout opposé. »
UN BOTTIN MONDAIN
Bayeux, Caen, Paris, Le Mans, Nantes, Boulogne sur Mer, Rouen, Agen etc. des départements de Mayenne, Meurthe et Moselle, Côtes du Nord, Finistère, Jura, Aisne, d’Ardèche et d’Outre-mer ; Suisse, Autriche, Ecosse, Etats-Unis etc. pour l’étranger ; des congrégations et communautés ; barons et baronnes, vicomtes et vicomtesses, comtes et comtesses, marquis et marquises, ducs et duchesses, un amiral, parmi eux, des noms appartenant à l’histoire de France, sans oublier l’Impératrice Eugénie, tout un bottin mondain ! Puis tous ces donateurs sans titre ou encore anonymes, mais tout aussi zélés, et ceci dès 1903 ! Inouï ! Cela dilate le cœur de notre Abbé Pihan reconnaissant, qui écrit « En ces tristes jours où tout semble se désagréger, qu’il semble bon de se sentir en union parfaite de pensées et de sentiments avec des amis, cette union plus que jamais fera notre force et nous lutterons avec plus de courage, parce que nous avons la certitude que Dieu bénira nos efforts. »
Et il les bénit, à en juger les témoignages de grâces diverses obtenues, dont certaines sont extraites du courrier, pour être contées dans le bulletin.
IV – ESPERANCE DES MALADES
S’intéresser à une histoire locale, conduit souvent à sortir du cadre strict de celle-ci. Nous sommes entrés dans l’histoire de ce culte que nous ignorions comme beaucoup de nos contemporains. Il semblerait que seul le sanctuaire de St Germain du Crioult ait été spécialement voué aux malades. L’Abbé Pihan dans son histoire abrégée dit lui-même avoir eu cette « providentielle pensée ». C’est alors que Mgr Amette Evêque de Bayeux (il deviendra ensuite cardinal, archevêque de Paris(1) donna le nom de sanctuaire, Espérance des malades et autorisa la publication du bulletin mensuel du « Divin Médecin », le Pape Pie X offrait sa bénédiction. Les recommandations et demandes de guérisons vont, dès lors, affluer de partout.
MAGNIFIQUE TRAVAIL
En introduction des témoignages de guérison, transcrits dans les bulletins , l’Abbé Pihan précisait à chaque fois « Conformément au décret du Pape Urbain VII, nous déclarons ne vouloir donner qu’une autorité purement humaine aux récits et témoignages insérés dans ce bulletin ». Moulins 8 juin 1907 « Guérison inespérée » et c’est signé L.B ; Florensac 3 juin 1907 « l’enfant brûlé va très bien maintenant » ; Vimoutiers 8 juin 1907 « la jeune fille est guérie » ; Boran (Oise), Bousbecque (Nord), Carignan(Ardennes), Le Havre, Reims, Brest, Paris, Lyon, Oran (Algérie) etc. etc. Cinq à six témoignages viennent ponctuer chaque bulletin. Et il en est un, dont l’histoire mérite d’être contée. L’Abbé Massiot curé de 1945 à 1957 de St Germain, à qui l’on doit le classement et le magnifique travail de reliure des bulletins, la dévoile, dans son histoire abrégée du sanctuaire.
COMME AGAR DANS LE DESERT
Il cheminait bien tristement le pauvre père de famille, l’âme navrée de douleur. Le médecin lui avait déclaré, le matin même que son fils atteint de pneumonie, allait succomber.
Et comme Agar dans le désert, il avait fui pour ne pas voir mourir son enfant.
Tout en marchant, il repassait dans sa mémoire tous les sacrifices consentis depuis quinze ans pour soutenir une existence si frêle, et ils allaient être vains. Dans cette errance, se présenta la rencontre providentielle d’un ami « Comme vous paraissez affligé, y aurait-il indiscrétion à vous demander la raison de votre douleur ? »
Et le malheureux père raconta la triste situation dans laquelle il se trouvait. « c’est sûrement Dieu qui permet cette rencontre. » lui répond cet ami qui lui raconte comment se trouvant confronté à pareil malheur avec son petit Jean, il avait appris l’existence d’un sanctuaire à St Germain du Crioult où l’on priait chaque jour le Sacré-Cœur pour les malades « je fis enrôler mon enfant dans la pieuse association et je m’empressai de suspendre au cou de Jean la médaille bénite. A partir du moment où cette médaille fut remise, le mieux se fit sentir et le médecin tout surpris, déclarait deux jours après, mon enfant sauvé. » Et cet ami fit parvenir une médaille pour l’adolescent, qui lui aussi sera guéri. Cette rencontre se déroulait dans la ville de Caen, en 1914.
EPILOGUE
20 années plus tard, un vendredi du mois de juillet 1934, un jeune prêtre du diocèse se présente à la sacristie de l’église de Saint Germain. Il y est accueilli par l’Abbé Pihan « Vous rappelez-vous, Monsieur le Curé, ce père de famille qui, en 1914 vint vous prier d’intercéder auprès du Sacré-Cœur pour son fils Jean, malade, condamné par le médecin ? C’est moi ! Ordonné prêtre à la dernière ordination, je viens célébrer en votre église, une messe d’actions de grâces. »
.(1)nous consacrerons un chapitre à cet homme d’exception, probablement auteur de la très belle poésie sur St Germain.
V - POURQUOI ST GERMAIN ?
A la lecture de toutes ces guérisons et vœux exaucés, pourquoi le sanctuaire de St Germain du Crioult aurait-il bénéficié d’autant de grâces ? Il n’y eut pas d’apparitions comme celle du Christ à sœur Marguerite-Marie au couvent de la Visitation à Paray le Monial ou celle de la Sainte Vierge à une enfant de Lourdes, sans citer les autres.
Qu’est-ce qui a pu donner autant de confiance à un abbé, fut-il animé de la foi la plus profonde ?
Nous avions souligné dans un tout premier chapitre, sa joie de retrouver la paroisse de St Germain où il avait été précédemment vicaire. Il succédait à une lignée de prêtres qui contribuèrent au prestige de la cure, en même temps qu’au leur, comme cet Abbé Le Révérend qui fut député à l’Assemblée Nationale en 1787 ; Guillaume Boutry de Monville, eudiste, dont l’histoire sera écrite par Frédéric Alix ; le prêtre le plus remarquable étant « sans contredit » pour l’abbé Pihan, l’abbé Edouard Martin « les paroissiens accouraient en foule pour l’entendre » et afin de pouvoir contenir tous les fidèles, fut construit un transept. Il entreprit, comme le curé d'Ars, un catéchisme de persévérance dans sa paroisse. St Germain ne pouvait espérer conserver ce « Bossuet » en sa paroisse. L’abbé Martin devint par la suite vicaire général et accompagna son Evêque aux Antilles.
Si l’esprit religieux est si bien conservé en cette paroisse, l’abbé Pihan l’impute à ses zélés prédécesseurs.
7 prêtres originaires de St Germain
Ce qui porte aussi notre abbé à croire en la bienveillance divine sur sa nouvelle paroisse, ce sont les vocations nées dans celle-ci. Avant 1900, 7 prêtres sont en effet originaires de St Germain (1) dont le chanoine Lautour, ( tout habitant de St Germain se rendant pour la première fois dans l’église de St Catherine à Honfleur a la surprise de voir sur une plaque le nom de sa commune cité, par le biais de ce prêtre originaire, doyen de cette paroisse). Vocations auxquelles il faut ajouter celles de 12 religieuses.
Les consécrations à la Vierge en 1842, et au Sacré-Cœur en 1900, font espérer d’autres guérisons. L’église possède déjà des ex-voto.
Convaincu, l’Abbé Pihan, l’est aussi dans la force de la prière, qu’il sollicitera également hors du sanctuaire, en demandant par la suite aux enfants de l’école du Sacré Cœur de St Germain de s’y associer. M. Méligne instituteur de 1947 à 1972, nous a confirmé, que la pratique de la prière chaque midi perdurait, ainsi que la journée sans classe, le jour de la fête du Sacré Cœur où toute l’école se rendait aux offices., de même que d’anciens élèves de celle de Condé se rappellent être montés à pied à la célébration de cette fête.
-
Par sacre-coeur le 14 Mai 2023 à 00:17
LA FABULEUSE HISTOIRE DU SACRE CŒUR
DE
ST GERMAIN DU CRIOULT
Difficile de garder la tête froide lorsqu’on exhume l’histoire du Sacré Cœur de St Germain, tant elle fut glorieuse, en ce début du 20ème siècle.
Difficile également de comprendre, sans les moyens de communication actuels, la vitesse à laquelle s’est répandue l’œuvre, et son ampleur : en 1933, 38000 personnes de France et de l’étranger, y étaient associées, du plus humble donateur aux plus prestigieux la moindre n’étant pas l’Impératrice Eugénie. Quelle efficacité « du bouche à oreille » !
Difficile encore d’imaginer, la guerre ayant tout effacé (les allemands dynamitèrent l’église), le faste dont fut entouré ce sanctuaire.
La présence dans l’actuelle église des 146 ex-voto, pouvant intriguer le visiteur, ne donne pas cependant, la mesure du nombre de guérisons obtenues, et de leurs témoignages humains figurant dans les bulletins mensuels du « Divin Médecin ». Pour la consécration solennelle, le 2 juillet 1912 (un site internet rappelle celle-ci par une photo), le Pape Pie X, adressait un télégramme. N’a-t-on pas été dans un des bulletins, jusqu’à comparer ce sanctuaire du bocage à Lourdes…
Mais tout ceci n’aurait probablement pas vu le jour, sans la conviction et la persévérance inouïes d’un homme, l’Abbé Pihan. Etrange coïncidence, que nous sortions de l’oubli cette page du passé, l’année de la commémoration du centenaire de la loi sur la séparation de l’Eglise, et de l’Etat ; car cette loi, que l’Abbé Pihan traitera de « scélérate », aura pour effet de décupler son énergie. Il faut replacer le tout dans le contexte de l’époque. Il n’en demeure pas moins qu’il aura soufflé sur St Germain une volonté , qui bousculera le vie même des Germainois, qu’ils soient catholiques ou non (la commune avait à sa tête un maire protestant), avec la création, d’une école libre, d’une maison de santé, d’une école de dentellière etc. La générosité des donateurs rendait quasiment tout, possible…
Nous vous conterons plus en détail, au fil des parutions d’En Marche, cette extraordinaire histoire, laquelle, espérons, à sa lecture, vous rendra aussi heureux que nous.
Ps : prémonitoire ? Voici ce qu’écrivait l’Abbé Pihan au début de son œuvre « il faut le redire parce que c’est malheureusement la vérité, nous oublions vite même les choses par nous jugées dignes d’intérêt. »
I – DU COURAGE ET…DU REPONDANT
Lorsque l’Abbé Pihan arrive à la tête de la cure de St Germain, à l’aube du xxème siècle, ses sentiments sont partagés ; la joie de retrouver une paroisse, où, au lendemain de son ordination en 1883 il avait été vicaire, est tempérée par le souci d’une église inachevée. Le conseil municipal ne donnera son accord pour la poursuite des travaux, une fois l’arriéré réglé, et provision faite sur le montant de ces travaux. Tout en considérant cette décision municipale légitime, elle le place devant la difficulté de réunir la somme nécessaire.
Nous sommes également à l’aube du vote de la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Monte en France un anticléricalisme qui se traduit par des articles dénonciateurs (déjà) sur des comportements au sein même de l’Eglise et, sur des expulsions de communautés religieuses.
Profondément affligé par cet état de fait, l’Abbé Pihan, en pleine force de l’âge (42 ans) doté d’une bonne constitution physique (photo ci-contre, le port est altier) n’est pas homme à capituler.
Il succède à l’Abbé Barbier. Ce dernier, sachant les tracasseries de ses prédécesseurs, les Abbés Gautier et Houel dans leurs démarches pour reconstruire l’église (l’ancienne vétuste, avait près de 1000 ans), confia la réussite de cette reconstruction au Sacré-Cœur. C’est au nom du Sacré-Cœur, que l’Abbé Barbier quêta et sollicita de tout côté. Son entreprise fut interrompue par son décès. Mais il eut le temps de faire élever la nef, et l’élégant clocher de 45 mètres. L’abbé Pihan s’inscrit dans cette continuité en consacrant officiellement, le 25 décembre 1900, l’église au Sacré Coeur ; Elle l’était déjà, depuis 1842 à la Vierge Marie ; la paroisse de St Germain-du-Crioult est en effet une des plus anciennes affiliées à l’archiconfrérie du Cœur immaculé de Marie.
Pour une grande partie du 19ème siècle, et notamment depuis les révélations reçues par Marguerite-Marie dans son couvent de Paray le Monial au 17ème siècle et précédemment, les initiatives liturgiques de Saint Jean Eudes ( normand), les confréries et les consécrations au Sacré Cœur sont encouragées par des Papes successifs. En 1856 à la demande des évêques français, le pape Pie IX étend au monde entier la fête du Sacré Cœur. Mgr d’Hulst recteur de l’Institut Catholique parlera du 19ème siècle comme « le siècle du Sacré Cœur » : une des plus belles preuves, culmine sur la butte Montmartre.
L’Abbé Pihan a donc toute raison d’espérer la bénédiction de sa hiérarchie « Nous souvenant que la sainte obstination est fille d’une robuste confiance, en avant donc pour le Sacré Cœur ».
« COMMENT OSEZ-VOUS ? »
A son intention de faire appel à la générosité des « personnes riches et bienfaisantes », plusieurs personnes le mettent en garde « Comment osez-vous, en ces temps troublés, quêter pour une église qui, peut-être, sera fermée prochainement ». C’est mal connaître la détermination et la foi de ce prêtre, qui leur répond « notre grand tort à nous catholiques, reconnaissons le humblement, c’est de trop travailler pour le temps et pas assez pour l’éternité, c’est de trop ménager les intérêts apparents de l’heure présente sans nous dire qu’ainsi nous abdiquons peu à peu nos droits et notre dignité, et conséquemment les droits imprescriptibles de Dieu et de la religion que nous devons défendre en tout et partout, c’est à cet effet que nous avons été créés » et d’ajouter « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, le reste vous sera donné par surcroît a dit Notre Seigneur, douterions-nous de sa parole ?
II - NAISSANCES D UNE ŒUVRE ET D’UN SANCTUAIRE
Sa résolution prise de consacrer l’église de St Germain au Sacré Cœur « Espérance des malades », l’Abbé Pihan s’attelle corps et âme à cette tâche. En 1903, cela fait plus de deux ans qu’il s’active, sans le succès escompté, à sa collecte pour l’édification de ce sanctuaire. Le transept et ses deux chapelles latérales, toujours à construire, représentent une somme importante. L’argent des bienfaiteurs est particulièrement sollicité en ce début de siècle « nos vieux temples religieux tombent, en maints endroits de vétusté. »
Il n’est pas difficile d’imaginer, les soirées passées à tourner le problème en tout sens. Son intuition lui dicte de réunir au plus vite cet argent, les nuages s’amoncelant à l’horizon Il possède déjà pour l’époque, un sens rare de la communication. C’est un rédacteur. Chaque mois, il le prouve, avec la parution d’un bulletin paroissial. Idée lumineuse (il y en a souvent une, à la base d’une réussite), sans se préoccuper du temps, qu’exigera celle-ci, il crée un second bulletin, également mensuel, exclusivement réservé à cette œuvre et l’intitule «Le Divin Médecin ». Le numéro 1 paraît le 10 juin1903.
« SOYEZ NOS ZELATEURS »
C’est ainsi qu’il titre, dans son premier exemplaire, après une chronique de l’œuvre, son chapitre faisant appel à la générosité. Il y a plusieurs moyens « prendre un abonnement au Bulletin et, chaque mois, après l’avoir lu, le communiquer à des personnes amies ; nous envoyer surtout des adresses de catholiques pieux et charitables, afin que nous puissions les solliciter en particulier directement. » Il donne ensuite l’assurance de sa discrétion. Il fait imprimer des images à pointer (le téléthon n’a rien inventé) et paraître le modèle dans son bulletin « selon que chacune des petites cases de l’image sera pointée à 5, 10, 25, 50 centimes ou un franc, cette image produira 1, 2, 5, 10 ou 20 francs. » L’aspect matériel exposé, il aborde le spirituel. Car il se sent « comptable » vis-à-vis de ceux, de plus en plus nombreux, qui recommandent leurs malades.
UNE GARDE D’HONNEUR
Jugeant les prières publiques du dimanche, comme celles plus particulières que sont les « siennes et celles de son vicaire, insuffisantes, il demande à des jeunes filles pieuses de la paroisse de bien vouloir former au Sacré Coeur une « garde d’honneur » ; ce jeune sanctuaire possède une statue provisoire « sous un dais de velours rouge » (1).
Ces jeunes filles (on ne peut s’empêcher de songer aux vestales) viennent, chaque jour réciter des litanies, une dizaine de chapelet avec, entre chaque Ave, les invocations. Il peut compter sur la piété de ses paroissiens.
Ce cocktail de ferveur, d’organisation et de travail (l’Abbé Pihan n’aura plus de répit ; le boulanger du village apercevra souvent la lumière du presbytère allumée la nuit) va prendre ; l’œuvre se répandra.
(1) La future statue préoccupe immédiatement l’Abbé Pihan ; il la veut en marbre blanc d’Italie, et lance dans cet excellent support qu’est son bulletin, un concours de sculpteurs…11 artistes y participent (voir reproduction ci-jointe), et par leur vote, ce sont les abonnés qui vont désigner le lauréat. Parallèlement une souscription a été lancée. Elle est financée en un seul don : une demoiselle offre 3.500 Fr. de l’époque, 11687 de nos euros.
III LE TEMOIN D’UNE ŒUVRE
Mois après mois, et ceci pendant plus d’un demi-siècle, le bulletin du « Divin Médecin » relatera la vie du sanctuaire du Sacré-Cœur de St Germain. Il est encore dans de nombreuses mémoires. Il est toujours surprenant, lorsqu’on se retrouve parfois loin de son clocher, de s’entendre dire, comme de la part d’un trappiste « vous avez un sanctuaire du Sacré Cœur à St Germain ! ». Il faut dire que l’Abbé Pihan et, ses successeurs par la suite, ont admirablement œuvré pour faire connaître son existence.
Mais revenons à la période de la création de ce bulletin en 1903 : il n’a pas pour but de rayonner dans une sphère limitée à la paroisse et ses environs. Son auteur lui espère un déploiement d’ailes, qui le portera partout où des bienfaiteurs pourront s’associer à cette œuvre et des malades retrouver l’espérance.
« J’AI EU TORT »
Les bienfaiteurs : ils ont à la fin de l’ouvrage leur nom cité, également dans la liste des offrandes où la somme est précisée…n’y a-t-il pas une certaine habileté de l’auteur ? L’Abbé Pihan aime inviter des prédicateurs, et l’un d’eux, pas le moindre, puisqu’il s’agit de l’Abbé Thiriet, ancien père supérieur des chanoines de Montmartre, a éprouvé, lui aussi, à la lecture de ces bulletins, un certain malaise, dissipé ensuite, après son séjour à St Germain, mais laissons le parler « De prime abord, j’envisageais votre pieuse entreprise comme un excellent moyen d’obtenir de la charité chrétienne les ressources nécessaires pour la reconstruction de votre église en lisant vos bulletins. Je me disais c’est une heureuse inspiration d’un prêtre habile à susciter des offrandes. J’ai eu tort. Après avoir vu de près les merveilles dont j’ai été témoin, il m’est facile de porter un jugement tout opposé. »
UN BOTTIN MONDAIN
Bayeux, Caen, Paris, Le Mans, Nantes, Boulogne sur Mer, Rouen, Agen etc. des départements de Mayenne, Meurthe et Moselle, Côtes du Nord, Finistère, Jura, Aisne, d’Ardèche et d’Outre-mer ; Suisse, Autriche, Ecosse, Etats-Unis etc. pour l’étranger ; des congrégations et communautés ; barons et baronnes, vicomtes et vicomtesses, comtes et comtesses, marquis et marquises, ducs et duchesses, un amiral, parmi eux, des noms appartenant à l’histoire de France, sans oublier l’Impératrice Eugénie, tout un bottin mondain ! Puis tous ces donateurs sans titre ou encore anonymes, mais tout aussi zélés, et ceci dès 1903 ! Inouï ! Cela dilate le cœur de notre Abbé Pihan reconnaissant, qui écrit « En ces tristes jours où tout semble se désagréger, qu’il semble bon de se sentir en union parfaite de pensées et de sentiments avec des amis, cette union plus que jamais fera notre force et nous lutterons avec plus de courage, parce que nous avons la certitude que Dieu bénira nos efforts. »
Et il les bénit, à en juger les témoignages de grâces diverses obtenues, dont certaines sont extraites du courrier, pour être contées dans le bulletin.
IV – ESPERANCE DES MALADES
S’intéresser à une histoire locale, conduit souvent à sortir du cadre strict de celle-ci. Nous sommes entrés dans l’histoire de ce culte que nous ignorions comme beaucoup de nos contemporains. Il semblerait que seul le sanctuaire de St Germain du Crioult ait été spécialement voué aux malades. L’Abbé Pihan dans son histoire abrégée dit lui-même avoir eu cette « providentielle pensée ». C’est alors que Mgr Amette Evêque de Bayeux (il deviendra ensuite cardinal, archevêque de Paris(1) donna le nom de sanctuaire, Espérance des malades et autorisa la publication du bulletin mensuel du « Divin Médecin », le Pape Pie X offrait sa bénédiction. Les recommandations et demandes de guérisons vont, dès lors, affluer de partout.
MAGNIFIQUE TRAVAIL
En introduction des témoignages de guérison, transcrits dans les bulletins , l’Abbé Pihan précisait à chaque fois « Conformément au décret du Pape Urbain VII, nous déclarons ne vouloir donner qu’une autorité purement humaine aux récits et témoignages insérés dans ce bulletin ». Moulins 8 juin 1907 « Guérison inespérée » et c’est signé L.B ; Florensac 3 juin 1907 « l’enfant brûlé va très bien maintenant » ; Vimoutiers 8 juin 1907 « la jeune fille est guérie » ; Boran (Oise), Bousbecque (Nord), Carignan(Ardennes), Le Havre, Reims, Brest, Paris, Lyon, Oran (Algérie) etc. etc. Cinq à six témoignages viennent ponctuer chaque bulletin. Et il en est un, dont l’histoire mérite d’être contée. L’Abbé Massiot curé de 1945 à 1957 de St Germain, à qui l’on doit le classement et le magnifique travail de reliure des bulletins, la dévoile, dans son histoire abrégée du sanctuaire.
COMME AGAR DANS LE DESERT
Il cheminait bien tristement le pauvre père de famille, l’âme navrée de douleur. Le médecin lui avait déclaré, le matin même que son fils atteint de pneumonie, allait succomber.
Et comme Agar dans le désert, il avait fui pour ne pas voir mourir son enfant.
Tout en marchant, il repassait dans sa mémoire tous les sacrifices consentis depuis quinze ans pour soutenir une existence si frêle, et ils allaient être vains. Dans cette errance, se présenta la rencontre providentielle d’un ami « Comme vous paraissez affligé, y aurait-il indiscrétion à vous demander la raison de votre douleur ? »
Et le malheureux père raconta la triste situation dans laquelle il se trouvait. « c’est sûrement Dieu qui permet cette rencontre. » lui répond cet ami qui lui raconte comment se trouvant confronté à pareil malheur avec son petit Jean, il avait appris l’existence d’un sanctuaire à St Germain du Crioult où l’on priait chaque jour le Sacré-Cœur pour les malades « je fis enrôler mon enfant dans la pieuse association et je m’empressai de suspendre au cou de Jean la médaille bénite. A partir du moment où cette médaille fut remise, le mieux se fit sentir et le médecin tout surpris, déclarait deux jours après, mon enfant sauvé. » Et cet ami fit parvenir une médaille pour l’adolescent, qui lui aussi sera guéri. Cette rencontre se déroulait dans la ville de Caen, en 1914.
EPILOGUE
20 années plus tard, un vendredi du mois de juillet 1934, un jeune prêtre du diocèse se présente à la sacristie de l’église de Saint Germain. Il y est accueilli par l’Abbé Pihan « Vous rappelez-vous, Monsieur le Curé, ce père de famille qui, en 1914 vint vous prier d’intercéder auprès du Sacré-Cœur pour son fils Jean, malade, condamné par le médecin ? C’est moi ! Ordonné prêtre à la dernière ordination, je viens célébrer en votre église, une messe d’actions de grâces. »
.(1)nous consacrerons un chapitre à cet homme d’exception, probablement auteur de la très belle poésie sur St Germain.
V - POURQUOI ST GERMAIN ?
A la lecture de toutes ces guérisons et vœux exaucés, pourquoi le sanctuaire de St Germain du Crioult aurait-il bénéficié d’autant de grâces ? Il n’y eut pas d’apparitions comme celle du Christ à sœur Marguerite-Marie au couvent de la Visitation à Paray le Monial ou celle de la Sainte Vierge à une enfant de Lourdes, sans citer les autres.
Qu’est-ce qui a pu donner autant de confiance à un abbé, fut-il animé de la foi la plus profonde ?
Nous avions souligné dans un tout premier chapitre, sa joie de retrouver la paroisse de St Germain où il avait été précédemment vicaire. Il succédait à une lignée de prêtres qui contribuèrent au prestige de la cure, en même temps qu’au leur, comme cet Abbé Le Révérend qui fut député à l’Assemblée Nationale en 1787 ; Guillaume Boutry de Monville, eudiste, dont l’histoire sera écrite par Frédéric Alix ; le prêtre le plus remarquable étant « sans contredit » pour l’abbé Pihan, l’abbé Edouard Martin « les paroissiens accouraient en foule pour l’entendre » et afin de pouvoir contenir tous les fidèles, fut construit un transept. Il entreprit, comme le curé d'Ars, un catéchisme de persévérance dans sa paroisse. St Germain ne pouvait espérer conserver ce « Bossuet » en sa paroisse. L’abbé Martin devint par la suite vicaire général et accompagna son Evêque aux Antilles.
Si l’esprit religieux est si bien conservé en cette paroisse, l’abbé Pihan l’impute à ses zélés prédécesseurs.
7 prêtres originaires de St Germain
Ce qui porte aussi notre abbé à croire en la bienveillance divine sur sa nouvelle paroisse, ce sont les vocations nées dans celle-ci. Avant 1900, 7 prêtres sont en effet originaires de St Germain (1) dont le chanoine Lautour, ( tout habitant de St Germain se rendant pour la première fois dans l’église de St Catherine à Honfleur a la surprise de voir sur une plaque le nom de sa commune cité, par le biais de ce prêtre originaire, doyen de cette paroisse). Vocations auxquelles il faut ajouter celles de 12 religieuses.
Les consécrations à la Vierge en 1842, et au Sacré-Cœur en 1900, font espérer d’autres guérisons. L’église possède déjà des ex-voto.
Convaincu, l’Abbé Pihan, l’est aussi dans la force de la prière, qu’il sollicitera également hors du sanctuaire, en demandant par la suite aux enfants de l’école du Sacré Cœur de St Germain de s’y associer. M. Méligne instituteur de 1947 à 1972, nous a confirmé, que la pratique de la prière chaque midi perdurait, ainsi que la journée sans classe, le jour de la fête du Sacré Cœur où toute l’école se rendait aux offices., de même que d’anciens élèves de celle de Condé se rappellent être montés à pied à la célébration de cette fête.