• L'instant suprême

      Pour un chrétien, les derniers instants de la vie sont d'une importance suprême. Au-delà du prix d'un corps délabré, d'un esprit qui semble anéanti, c'est la plus petite possibilité d'un acte, d'un soupir d'amour en réponse à celui de son Dieu, qui constitue le trésor inestimable de ces heures, de ces minutes, de ces secondes que nul n'a le droit de dérober à un mourant, car nul ne sait ce qui peut alors se passer entre Dieu et lui.

       Imaginons un être qui rassemble ses dernières forces, misérables sans doute, mais qui peut affirmer qu'elles n'existent plus ? pour pardonner à un ennemi, à un adversaire, pour apporter une réponse d'amour à un autre être, une réponse jamais obtenue auparavant mais enfin donnée. Ce mouvement d'amour peut survenir dans un bref instant de lucidité, entre deux prostrations, et sans être décelé par quiconque. Peut-être cette réponse sera t'elle, même muette, même secrète aux yeux de tous, sauf précisément de Dieu, un sommet de la vie du mourant. Le respect des limites de la vie n'est-il pas dû avant tout, à cette humble et merveilleuse possibilité d'amour ?

                                                                 Robert Boudet, écrivain (archive France Catholique janvier 1968)

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